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La Pharmacopée Chinoise

Zhōng yào

中药

En Chine, les plantes médicinales constituent un « trésor national » et sont très largement utilisées, de manière tant préventive que curative. Rappelons que la pharmacopée n’est qu’une des 5 pratiques de la Médecine traditionnelle chinoise (MTC) pour entretenir ou restaurer la santé – les 4 autres étant l’acupuncture et moxibustion, le massage Tuina  Anmo, la diététique chinoise et les exercices énergétiques Qigong et Taichi chuan. Dans son pays d’origine, la pharmacopée chinoise est la première approche privilégiée; on la considère comme plus puissante que l’acupuncture.

Expérimentée depuis plus de 3 000 ans, la pharmacopée chinoise recèle quelques milliers de substances, dont environ 400 sont d’usage courant. Même si une grande partie des connaissances qui sont propres à cette pharmacopée découle d’une pratique traditionnelle populaire – avec des variations d’une région à l’autre – les médecins chinois ont accumulé un volumineux corpus de données au fil du temps. Grâce à une parfaite connaissance de la nature fondée sur l´observation et l´expérimentation, elle a su développer un système thérapeutique basé sur l´utilisation des plantes qui est aussi complexe que les savoirs médicaux modernes en usage en Occident.

La MTC repose principalement sur la pharmacopée héritée des élites taoïstes et sur l’acupuncture, fruit du confucianisme.

Aujourd’hui, la pharmacologie et la recherche continuent d’approfondir cette science, tandis que les praticiens contemporains élaborent de nouveaux traitements, de mieux en mieux adaptés aux maux de notre époque. La pharmacopée chinoise est donc une approche vivante.

Les plus anciens livres traitant de cette spécialité sont :

Shénnóng 神農 (3216 г. av. J-C.) – L’empereur chinois a rassemblé toutes les informations sur les plantes médicinales disponibles à cette époque et a compilé le livre « Shén Nóng Běn Cǎo Jīng 神 農 本 草 經 »
« le Classique de la matière médicale du Laboureur Céleste », est le plus ancien ouvrage chinois traitant des drogues végétales, animales et minérales. Dans ce livre, il a résumé l’expérience d’utilisation des plantes médicinales en Chine. Ce livre est considéré comme la source originale des essais médicaux orientaux.

Shen Nong

La tradition médicale chinoise rapporte que le premier des herboristes fut l’empereur légendaire Shén Nóng – 神 农, qui étudia les plantes vénéneuses et leur contre-poison, classa et décrivit les propriétés de 365 drogues (végétales, animales et minérales).

Classique de la matière médicale du Laboureur Céleste

神 农 本 草 经

Shén Nóng Běn Cǎo Jīng

Le Classique de la matière médicale du Laboureur Céleste est le plus ancien ouvrage chinois traitant des drogues végétales, animales et minérales. II a été écrit lors de la dynastie des Han postérieurs (25-220), considéré comme le premier traité chinois de phytothérapie.

Royaumes Combattants (475-221 a.C.)

黄 帝 内 经 灵 枢 素 问

Huáng Dì Nèi Jīng Líng shū Sù wèn

Classique de l’Interne attribué à l’empereur mythique Huáng Dì  (453-222 a.C.)

Zhāng Zhòngjǐng  张 仲 景 (150 – 219)

  « Traité des coups de froid »

 伤 寒 论 

Shānghán Lùn

pharmacopee 4

Li Shi Zhen  李 时 珍 (1518 – 1593)
Dinastie Ming (1368-1644)

  « Compendium of Materia Medica »

 本 草 纲 目 

Běn Cǎo Gāng Mù

Le Materia Medica est le traité de pharmacologie le plus important après  Shen Nong Ben Cao. Il a été écrit en 1578 par Li Shi Zhen (1518-1593) après presque 30 ans de recherche. Cette œuvre monumentale composée de 52 volumes illustre les caractéristiques pharmacologiques de près de 2 000 substances (y compris les herbes, les minéraux et les animaux).    

Ces textes font toujours autorité

L’herboristerie chinoise fonctionne avec des formules mélangeant plusieurs ingrédients. Ainsi, elle profite de la synergie d’ingrédients ayant des propriétés similaires. Une manière de minimiser d’éventuels effets secondaires avec une plante absorbée en trop grande quantité.

Les parties utilisées sont les feuilles, les racines, les graines, les fleurs et l’écorce. La manière dont la plante est préparée (macération, brûlage, décoction…) modifie le degré de concentration des principes actifs.  Seul un médecin spécialisé peut prescrire ces plantes car les interactions peuvent être dangereuses.

En médecine chinoise, les effets thérapeutiques des plantes dépendent de quatre facteurs :

  • la couleur
  • la saveur : acide, amère, douce, épicée, salée
  • la nature : chaude, froide, neutre
  • la configuration : forme, texture, teneur en humidité
  • les propriétés : tonifier, purger, disperser et consolider

En plus de ces caractéristiques, le praticien doit analyser les symptômes et le terrain de chaque patient pour donner la préparation la mieux adaptée. Mieux vaut être prévenu : la plupart des préparations de plantes a un goût très amer…

On ne peut comparer la phytothérapie occidentale à la pharmacopée chinoise qui suit les grands principes de la pensée médicale chinoise, à savoir : les Ba Gang. La plante développe à l’intérieur du corps une qualité énergétique : chaud, froid, tiède, frais.

Les saveurs : permettent aux principes de la plante de pénétrer dans l’organe avec lequel elle est en résonance. Les plantes chinoises sont classées à partir des mouvements énergétiques qu’elles induisent dans le corps : Montée-descente-astringence-extériorisation, etc.

La préparation de la plante, décoction, macération, brûlage, etc…modifient le degré de concentration des principes actifs, et donc l’action tonifiante ou dispersante.

Autre élément fondamental, les herbes sont choisies spécifiquement en fonction de la personne à traiter. Le « bon » médicament convient à telle personne comme la bonne clé ouvre telle serrure. Pour prescrire une plante ou une préparation, le praticien doit comprendre non seulement les causes sous-jacentes des symptômes, mais la dynamique propre de son patient – ce qu’on appelle le « terrain ».

Puisqu’en Occident on utilise souvent la pharmacopée chinoise en complément des traitements habituels, le praticien ou herboriste en MTC doit être formé avec rigueur et connaître les interactions entre plantes et médicaments, quand il y en a.

Dans un grand nombre de cas, les herbes chinoises doivent être prises en décoction, ce qui requiert un certain temps de préparation qui rend parfois les patients… impatients. De plus, ces « tisanes » ou « soupes » sont souvent si mauvaises au goût, et même carrément pénibles à boire (du moins pour les herbes les plus fortes), que certaines personnes y renoncent. Les nez et palais occidentaux sont peut-être devenus trop difficiles pour leur propre santé…

Le but premier de la Médecine traditionnelle chinoise et de sa pharmacopée est la prévention. Il s’agit alors de maintenir l’organisme en bonne santé – ce qui veut dire renforcer le système immunitaire. De nombreuses plantes et préparations possèdent ce potentiel et, à ce titre, font partie du quotidien de millions de personnes.

L’Organisation mondiale de la Santé encourage et soutient l’utilisation des plantes médicinales en général et des herbes chinoises en particulier, dans lesquelles elle voit une « source de médicaments efficaces et peu coûteux ».