La thyroïdite d’Hashimoto
橋本 策 (1881 – 1934)
La thyroïdite d’Hashimoto est une maladie auto-immune qui conduit à de l’hypothyroïdie. Elle résulte de l’inflammation progressive et persistante de la thyroïde donnant lieu à une hypofonction de la glande.
Elle frappe plus de femmes à la quarantaine, en particulier s’il y a des maladies de la thyroïde dans la famille.
Elle a plusieurs dénominations: thyroïdite chronique auto-immune, strumite lymphomateuse, thyroïdite lymphocytaire chronique.
La maladie d’Hashimoto peut être associée à d’autres maladies auto-immunes comme : le diabète sucré, le syndrome de Sjögren, l’anémie pernicieuse, les collagénoses, la polyarthrite rhumatoïde, la maladie d’Addison, l’hypoparathyroïdie, l’Hypopituitarisme de Bickel et le vitiligo.
Les symptômes les plus marqués sont :
- Hypersensibilité accrue au froid
- Prise de poids inexpliqué, même sans changement des habitudes alimentaires
- Fatigue constante, apathie et désintérêt, lenteur, léthargie, dépression
- Difficultés de concentration, problèmes de mémoire
- Constipation
- Le cou est épaissi ou présence de goitre
- Gonflement ou visage gonflé
- Enrouement
- Cheveux cassants et perte des cheveux accrue
- Peau pâle et sèche, les ongles cassants
- Troubles du cycle menstruel et diminution de la fertilité
- Douleurs musculaires, crampes ou douleurs articulaires ainsi que de l’œdème peuvent apparaître
- Augmentation des paramètres sanguins
Au début de la maladie, d’autres symptômes liés à une hyperactivité thyroïdienne transitoire peuvent également apparaître (hashi toxicose) :
- Nervosité et agitation
- Irritabilité et sautes d’humeur
- Palpitations, accélération ou troubles du rythme cardiaque
- Augmentation de la pression artérielle
- Peau chaude et humide
- Transpiration accrue
La médecine traditionnelle chinoise s’attache aux signes objectifs et subjectifs des personnes se plaignant de tel ou tel déséquilibre.
C’est une médecine qui s’occupe du « terrain » de la personne c’est-à-dire des prédispositions familiales héritées mais aussi celles développées tout au long de sa vie conduisant à tel ou tel déséquilibre.
En tout début de la manifestation de la maladie ou si la personne, bien que souffrant des symptômes décrits plus haut, n’est pas encore « éligible » pour un traitement chimique parce que les variables physiologiques ne sont pas encore suffisamment modifiées.
- En complément du traitement chimique car la chimie ne traite pas le « terrain ».
- Parfois, malgré le traitement chimique, les douleurs articulaires, la fatigue, les palpitations cardiaques demeurent.
- La prise de poids persiste, voire est accentuée par le traitement chimique, c’est donc qu’il faut travailler sur le terrain (hypofonctionnement du corps).
- Le traitement chimique est moins efficace avec le temps ou accentue certains signes.
- Le nouveau traitement chimique (remplacement de l’ancienne formule) n’est pas aussi efficace, il est nécessaire de le compléter car le corps est habitué à son ancien traitement, il peut mettre un certain temps avant de réagir.
Le traitement chimique n’enlève pas la cause (le syndrome de médecine traditionnelle chinoise, le mécanisme qui est à l’origine de cette maladie) ; il est donc important d’apporter une réponse globale et complémentaire en regard de celle de la médecine occidentale, notamment dans la prévention et l’évolution de cette maladie.
Pour dire les choses d’une autre manière, si on ne change pas le terrain, il risque de se développer d’autres maladies.
La maladie d’Hashimoto est décrite comme suit en médecine traditionnelle chinoise :
Le diagnostic classique en MTC apparaît comme basé sur un véritable trépied :
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Jié Jié Liú Yīng | Yíng Hé Yīng Qí |
结 节 刘 英 | 莹 和 英 琦 | |
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Pí Láo Xǔ Lǎo | |
疲 劳 疲 劳 许 老 | ||
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Féi Pàng Zēng Chòng | |
肥 胖 增 重 | ||
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Biàn Mì Biān Bǐ | |
便 秘 边 比 | ||
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Guān Jié Téng Tòng Bì Zhèng |
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关 节 疼 痛 毕 正 |
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Miàn Bù Shuǐ Zhǒng |
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面 部 水 肿 |
La médecine traditionnelle chinoise travaille sur la recherche des causes -racines « Běn 本 » des maladies qui conduisent à la manifestation des « Biāo 彪 » – branches, c’est-à-dire les symptômes, les signes objectifs ou subjectifs de la personne en attente de soins.
Le nom de la maladie (par exemple Xǔ Lǎo, épuisement) va se différencier en syndromes, par exemple vide de Yang de la Rate.
Par le syndrome chinois, on a déjà une idée précise des points à stimuler.
L’observation de la langue (forme, couleur, enduit) ainsi que la palpation des pouls chinois et auriculodiagnostique sont autant d’informations à traiter en temps réel afin d’obtenir une bonne stratégie de choix sur les points d’acupuncture.
Mécanismes :
La vie d’une femme est rythmée par les cycles menstruels, les grossesses, les accouchements et les allaitements (le lait est le surplus du sang).
La Rate étant la source de la production et de la transformation du sang, les femmes sont plus sujettes à un vide de la rate que les hommes.
Vers la trentaine, les femmes Occidentales sont plus sujettes à un vide de la Rate.
En effet, l’alimentation occidentale est souvent composée de pains, de pâtes, de sucres rapides, de gluten, de viande, de plats préparés avec des addictifs chimiques, d’aliments et de boissons froids ou insuffisamment cuits.
Le tout souvent pris à la va-vite et dans le bruit, tout cela conduit à un affaiblissement du « feu digestif » (notre capacité de digestion).
Or le couple Rate / Estomac nourrit tous les autres organes. Cela va créer des déficiences et la thyroïde est traversée par la plupart des méridiens.
D’autre part, la rumination mentale, l’anxiété, l’inquiétude, le manque de repos, la fatigue et le manque d’exercice physique finissent d’achever le tableau.
N’oublions pas que notre société a fait fort usage des antibiotiques : leur saveur amère en excès et leur nature froide peut également léser la Rate.
Nous avons ici affaire à un terrain de « Vide » constitué au fil du temps (tout le monde ne sera pas dans le même cas mais en pratique quotidienne en cabinet c’est un tableau fréquent).
Il faut bien comprendre que la Rate en médecine chinoise gère tous les processus de transport et de transformation des aliments et des boissons.
Avec l’Estomac, c’est le couple qui produit le Qi (autrement dit toutes les informations nécessaires au bon fonctionnement du corps) et le sang.
Les textes médicaux chinois soulignent l’importance de cette source de Qi : sans le couple Rate/Estomac, l’énergie héritée de nos parents et ancêtres (ce que l’on appelle la génétique) ne nous ferait pas vivre plus de cinq ans !
Que cache cette aversion pour le Froid ?
Le « Yang » du corps (la chaleur corporelle, la capacité au système immunitaire de se défendre) est une expression de l’énergie Qi ; la capacité de l’énergie est de se mouvoir rapidement, de réchauffer.
La Rate a une fonction « Yang » dans son fonctionnement : transport (mouvement) et transformations.
Donc le Vide de la Rate s’accompagne souvent d’un Vide de Yang (de la Rate ou général). Il va s’en suivre une plus grande difficulté à supporter le Froid (qui est le contraire du « Chaud » – Yang).
Cette aversion pour le Froid se décline en plusieurs signes comme un sentiment de froid intense dans les mains et ou les pieds ou étendu au corps entier ou une maladie de Raynaud par exemple. Cette maladie peut tout à fait apparaître brusquement en concomitance de la maladie d’Hashimoto.
On peut également avoir plus de mal à digérer des crudités – voire à digérer tout corps avec une sensation d’être rapidement rassasié alors que la prise alimentaire est faible – avec douleurs intestinales, selles molles voire en diarrhée…
Par suite comme la Rate gouverne le mouvement et donc le mouvement des liquides corporels, s’il y a un vide de Yang, les œdèmes peuvent apparaître en particulier à la face, par exemple présence de paupières gonflées le matin au réveil ( les paupières sont liées à la Rate car elle gouverne les chairs).
Peuvent aussi se voir des chairs plus flasques qu’auparavant et le corps peut prendre une teinte de « jaune fané » typique de cette déficience de la Rate.
En médecine traditionnelle chinoise, il n’y a pas moins de quatre syndromes concernant la maladie d’Hashimoto. Ces quatre syndromes correspondent à une combinaison de points à stimuler et à des plantes chinoises à consommer.
Donc la pratique qui consiste à donner des compléments en Iode contenue dans les algues sans faire une différenciation des syndromes peut être incorrecte. En clair, si cela ne correspond pas au syndrome, cela aura peu d’effets.
Les algues sont de saveur salée, cela correspond aux Reins et surtout la saveur salée dissout les nodosités, elle est parfaite pour les goitres.
Pourquoi ce changement d’humeur ?
Notre mode de vie, nos frustrations, nos rancœurs, nos désirs non réalisés peuvent conduire à une stagnation de l’énergie du Foie.
Le Foie aime à se déployer, étendre ses branches jusqu’au Ciel (le Foie est associé à l’élément Bois, c’est l’énergie ascendante du Printemps). Il déteste être contraint, il aime voir loin, anticiper.
Couper ses élans revient à lui couper ses ailes, suivent colères rentrées ou exprimées, déprime.
Une stagnation devient un excès comme une baudruche prête à exploser et comme le Bois domine la Terre dans la roue des cinq éléments, le Foie attaque la Rate et l’affaiblit.
Notre malade d’Hashimoto se retrouve avec un goitre « mou », une impression de gonflement dans la gorge ou une sensation de serrement au niveau de la gorge. Ne dit-on pas « avoir les glandes ! » qui dans son expression imagée décrit parfaitement la situation ?
Le Foie est à « cran », son énergie Yang lui monte au nez et s’en suit agacement, irritabilité, émotions à fleurs de peau et crises de larmes pour calmer le tout.
Pour la thyroïdite d’Hashimoto, la Médecine Traditionnelle Chinoise est particulièrement efficace.